Nous avons rencontré le Professeur Chastagner, chef du service d’oncologie pédiatrique au CHRU de Brabois, afin d’échanger sur le cancer de l’enfant ;

  • Les chiffres les plus marquants :

–  2500 cas de cancer pédiatrique par an en France (contre 400 000 chez l’adulte), ce chiffre n’augmente pas et reste constant contrairement au nombre de cancers chez l’adulte. Cela s’explique par le fait que le facteur environnemental n’entre pas en compte dans le développement de cancer chez l’enfant.

–  80% de chance de guérison : si toute la tumeur a été retirée, car il est possible d’administrer une plus grande dose de chimiothérapie aux enfants qu’aux adultes.

– Dans 60% des cas des séquelles importantes apparaîtront à l’âge adulte.

–  Age moyen du cancer chez l’enfant : 5 ans (contre 68 chez l’adulte).

  • La différence entre les cancers des adultes et des enfants

Les deux types de cancer sont radicalement différents. Alors que chez les adultes, les cancers les plus répandus concernent le côlon-rectum, la prostate, le sein et les poumons, ces types de cancer sont inexistants chez les enfants. Les cancers pédiatriques les plus fréquents sont les leucémies, les tumeurs cérébrales, les lymphomes et les neuroblastomes (tumeurs malignes extra-crâniennes).

La moitié des cancers pédiatriques ne se manifestent pas chez les adultes, et inversement, plus de 80 % des cancers touchant les adultes ne se retrouvent pas chez les enfants. Cette distinction souligne l’importance de considérer les cancers de l’enfant comme une entité spécifique, avec des caractéristiques et des besoins distincts de ceux des adultes.

  • La guérison

En ce qui concerne la guérison, dans le cas des enfants, il est impératif de viser une guérison sans séquelles supplémentaires, car les traitements sont administrés sur un organisme en pleine croissance. Chaque traitement appliqué aura un impact sur la santé à l’âge adulte, 60% de ces enfants souffriront de séquelles, tant sur le plan intellectuel qu’hormonal. Par exemple, dans le cas de l’utilisation de la chimiothérapie pour traiter le lymphome, des enfants ont été guéris, mais ont ensuite dû subir une greffe de cœur à l’âge adulte. Ce risque existe pour d’autres organes également.

  • Les signes qui doivent alerter les parents

Les enfants qui ont un cancer peuvent être en pleine forme, la croissance des tumeurs est extrêmement rapide lorsqu’ils sont jeunes. Les enfants atteints de leucémies peuvent être pâles, faire des bleus mais, aller plutôt bien.

Le plus important est de poser le diagnostic le plus rapidement possible pour trouver le traitement adapté le plus tôt, car il n’existe pas de dépistage du cancer de l’enfant.

  • La recherche en cancérologie pédiatrique avance moins vite que pour les adultes

A ce jour, les recherches liées au cancer sont majoritairement dédiées aux cancers de l’adulte. Ce fait est historique, en effet à la découverte des premiers cancers pédiatriques, les médecins arrivaient à guérir entre 60 et 70% en utilisant les premières chimiothérapies. De plus, comme vu au début de cet article, les cas de cancer chez l’enfant sont très faibles en comparaisons aux adultes. L’intérêt des chercheurs s’est porté vers des cancers de mauvais pronostics qui touchaient de nombreux patients et pour lesquels nous n’avions aucune solution thérapeutique. Dans ce contexte, les chercheurs se sont tournés vers des cancers aux mauvais pronostics et qui touchaient le plus grand nombre de patients (les adultes) en pensant que les découvertes allaient logiquement bénéficier également aux enfants. Cependant, les traitements utilisés à ce jour chez les enfants génèrent d’autres maladies, des conséquences sur leur santé, et engendre souvent d’autres cancers lorsqu’ils sont jeunes adultes.

L’enjeu majeur, chez les enfants est de soigner, plus mais également de soigner mieux. Pour soigner plus, il faut trouver des thérapies plus efficaces qui vont venir guérir les enfants, et pour soigner mieux il s’agit de trouver des traitements adaptés aux enfants.

Aujourd’hui, le Professeur Chastagner souhaite tirer la sonnette d’alerte sur le temps de pose du diagnostic parfois beaucoup trop long provoqué par plusieurs facteurs : le manque d’information des médecins traitants qui sont peu sensibilisés sur les cancers pédiatriques, le manque de pédiatres, le manque de reconnaissance des signes de cancers chez les employés de la petite enfance… Agissons ensemble en nous sensibilisant aux signes alarmants.

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